Arborescence

Détail d'un plan en coupe de la glacière du château de Pierre-de-Bresse (F1015, pièce 39)
Détail d'un plan en coupe de la glacière du château de Pierre-de-Bresse (F1015, pièce 39)

Invités à cette thématique par le printemps, nous avons laissé le mot « arbre » guider nos recherches.
Voici quelques étapes de notre voyage non exhaustives dans les archives. 


Images et traditions populaires
Qu’il soit à palabres dans la tradition africaine, de justice si l’on pense à Saint Louis, de la liberté sous la Révolution française ou encore généalogique, l’arbre, dans l’imagerie populaire, rassemble, symbolise la vie et la croissance.

"A Sagy, [en 1793], il fut décidé qu'ayant sur la place publique un arbre antique et superbe, tilleul magnifique, bien propre à servir d'arbre civique, on arborerait au-dessus le bonnet de la Liberté, décoré de rubans, aux couleurs nationales, que l'on monterait une garde nationale et qu'on se pourvoirait, pour la fête, d'un tambour et d'un fifre" rapporte Lucien Guillemaut, historien de la Bresse, dans Petite histoire illustrée de la Révolution dans le Louhannais (BH 604).

Usité de longue date, l'arbre généalogique, précédé et concurrencé par d’autres modèles aujourd’hui oubliés, s’est imposé dans notre imaginaire comme le modèle idéal de la représentation des liens familiaux. Avis aux amateurs, un apport d’informations collectées dans les archives stimulera utilement la croissance de vos arbres généalogiques.

Afin de perpétuer la mémoire des traditions locales, des enquêtes folkloriques, aujourd'hui consultables en ligne, furent réalisées à l'échelle de la Saône-et-Loire durant le XX° siècle. Plusieurs coutumes mettent en scène des arbres, parmi elles : la plus belle bûche brûlée dans l'âtre la nuit de Noël, les bordes (bûchers) allumés le premier dimanche de Carême ou encore les "mai".
C'est ainsi, qu'à Chamilly, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes gens coupaient traditionnellement un arbre - en prenant soin de conserver une hauteur de 4 à 5 mètres de haut ainsi que les branches hautes pour servir de crochets, l'installaient sur une place au centre du village puis le décoraient d'objets ramassés aux alentours (casseroles, balais, outils, harnais de chevaux...). En se levant, les villageois riaient en voyant les objets appartenant à leurs voisins ; lesquels répliquaient : "regarde bien, il y en a sûrement à toi !".


L'arbre : source d'inspiration et de mobilisation
Enigmes toponymiques -
1/ Quel point commun existe-t-il entre ces communes de Saône-et-Loire : Bois-Sainte-Marie, Bruailles, Bussières, Buxy, La Charmée, Charmoy, Châtenoy-le-Royal, Chânes, Fragnes, La Genête, Le Planois, Ormes ou encore Saules ?

La réponse est la suivante : leur nom a été composé à partir de la végétation locale.
A vous de retrouver maintenant à quel arbre, arbrisseau ou à quelle plante chacun de ces lieux fait référence.

2/ Sauriez-vous dire quelle commune du département s'est appelé Arbre-Vert sous la Révolution ?

La réponse est ici ou encore visible dans l'état civil en ligne de cette commune (an III). 

Poésie -
Les arbres apparaissent de manière récurrente dans l’œuvre littéraire d’Alphonse de Lamartine, poète et homme politique natif de Mâcon.

Citons pour mémoire, quelques bribes de son poème intitulé Le chêne :
« Son tronc que l’écorce protège,
Fortifié par mille nœuds,
Pour porter sa feuille ou sa neige
S’élargit sur ses pieds noueux […]

Et son vaste et pesant feuillage,
Répandant la nuit alentour,
S’étend, comme un large nuage,
Entre la montagne et le jour »

Dans la strophe inaugurale de ses Méditations poétiques, Lamartine écrit encore :
« Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assied ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds ».

Relayant cette posture poétique, la tradition veut que Lamartine ait écrit une grande partie du poème Jocelyn au pied d'un chêne dans le bois situé au-dessus de Saint-Point. 

Politique et écologie -
Ce sont encore les arbres qui, en 1977, ont inspiré au président de la République Valéry Giscard d’Estaing l’idée d’instaurer une journée nationale de l’arbre.

Cette manifestation grand public visait à « faire entrer l’écologie dans la vie quotidienne » et à jeter les bases d’une « nouvelle politique de la nature ». Non pérennisée, cette idée s’est traduite, en son temps, par des initiatives ponctuelles variées : plantations d’arbres, opérations « forêts propres », rencontres des acteurs de la filière bois ou encore visites d’espaces verts remarquables.

Invités le 25 novembre dernier, jour de la Sainte Catherine ("A la sainte Catherine, tout bois prend racine"), en lien avec la COP 21, à être acteurs de leur environnement et à planter, symboliquement, un arbre d'essence locale, les communes, les associations et les particuliers, suite aux attentants du 13 novembre, ont parfois accompli ce geste en revendiquant également leur attachement à la vie et à la laïcité.  


Arbres remarquables
Certains arbres se distinguent du lot par leur gabarit, leur longévité ou encore leur esthétique indéniable. Les spécimens inscrits ou classés comme sites naturels bénéficient d’une protection particulière. 

En Saône-et-Loire, figurent notamment dans ce palmarès (dossiers à consulter en série T et W) : le chêne de Savigny-en-Revermont, le platane situé devant l’église de Préty (planté en 1802 et classé en 1909) ou encore le tilleul au tronc creux de Sagy (planté, dit-on, sous Sully et classé en 1909).

 

 

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