11 novembre 1918 : "on s'embrassait ; on dansait ; on pleurait. C'était donc fini ! La France était sauvée et l'on ne tuerait plus."

 Lettre et enveloppe du soldat Bachelet représentant un poilu qui jette son arme après l'annonce de l'Armistice (13 J 1)
Lettre et enveloppe du soldat Bachelet représentant un poilu qui jette son arme après l'annonce de l'Armistice (13 J 1)

« 11 novembre – matin – Hirson, Mézières sont dépassés. Le Kaiser a abdiqué, le Kronprinz renonce au trône, ils ont fui tous deux en Hollande […] A une heure du soir, nous avons trouvé […] une affiche annonçant la grande nouvelle : l’armistice est signé ! […] Enfin ! Enfin ! On ne se tue plus, La plus grande guerre de tous les temps est terminée […] L’Alsace et la Lorraine nous sont rendues ! […] La joie est délirante, les petits drapeaux des nations alliées sont à toutes les boutonnières, la rue Moyenne n’est qu’une mer de têtes surmontées de drapeaux joyeux […] Et la Marseillaise, la Marseillaise, chant d’union et de triomphe !»

Ce sont par ses mots qu'Emile Violet, érudit local, alors mobilisé à la pyrotechnie de Bourges témoigne dans son carnet de guerre de l'annonce de l'armistice ce 11 novembre 1918.
Documents de la Grande collecte 14-18 : extrait du carnet de guerre d'Emile Violet au 11 novembre 1918.

Partout en France, une clameur de joie traverse le pays, d’autres écrits illustrent l’enthousiasme du moment à l'arrière au Creusot : « lorsque la signature de l’armistice fut connue, la rue fut envahie ; on s’embrassait ; on dansait, on pleurait. C’était donc fini ! La France était sauvée et l’on ne tuerait plus » note Pierre Ferrier, secrétaire général de la mairie du Creusot dans ses souvenirs de guerre. 

Au bruit infernal de la guerre succède l’expression joyeuse de la victoire.
Maurice Clère, élève au collège de Saint-Lô écrit à sa mère Jenny résidant à Baudrières dans une lettre datée du 14 novembre 1918 qu’« on entendit toutes les cloches sonnaient et des bruits des pétards suivis de cris joyeux […] les bouchons se mirent à sauter avec de fortes détonations » (voir sa lettre ici).
Dans sa lettre du 11 novembre 1918, Raymond Chalumet écrit : « nous avons chanté en chœur une partie de la Marseillaise puis le refrain, il fallait entendre cela, la joie se lisait sur tous les visages, inutile de vous le dire, les cœurs débordaient d’allégresse ».
Certains poilus font preuve cependant de lucidité sur la nature du conflit passé.
Benoît Gaillard de Saint-Laurent-en-Brionnais, toujours au front au moment de l’armistice écrit, incrédule, dans une lettre du 11 novembre, « Déo gratias ! Merci à Dieu ! Non, ce n’est pas un rêve ? Est-ce vraiment la fin des hostilités ? Il y a quelques instants, on nous a communiqué l’ordre d’arrêter tout mouvement. Est-ce général ? On entend encore le canon au loin. Il paraît que l’armistice est signé. Quel cri ça a été tout à l’heure, dans la grande forêt des Ardennes ! Quel soulagement dans tous les cœurs ! ». Lucide, il ajoute « Il n’y a pas à se laisser à la grande joie, Il faut songer aux grands devoirs de l’avenir. Il ne faut pas oublier les tristesses, le deuil du passé ».

La joie parfois n’est parfois pas aussi forte comme en témoigne Jean Jandot "Personne ne montrait sa joie, il y avait moins de gaité que pour la mobilisation".
Le retour dans les foyers est parfois teinté de tristesse : Jean-André Allier décrit ainsi son retour :« Hélas Charolles épargné par la grippe est triste cependant […] Quant aux copains, de nouveaux ne reviendront pas, mon pauvre vieux Mommessin que la maladie a terrassé, Lambret, Joanny, Suchet, un Colin sont morts aussi ; d’autres souffrent […], Bonnetain est évacué pour le gaz ».

Nous vous invitons à retrouver les références de toutes ces lettres issues de la Grande Collecte 14-18 en cliquant ici.
Les tout derniers jours du conflit ont de plus fait de nombreuses victimes parmi les Saône-et-Loiriens, parmi eux :
Elie Grapeloup, mort en captivité en Allemagne le 12 novembre 1918.
André Louis Chetot, mort le 10 novembre 1918 de ses blessures à Staden en Belgique
Camille Valéry Dothal, mort le 11 novembre 1918 de ses blessures à Cugny dans l’Aisne.
Jean-Marie Grandjean, mort le 12 novembre dans le Haut-Rhin des suites de ses blessures.

Après le temps de l'armistice, de la démobilisation, du retour, le temps du souvenir.
Tout au long des années 1920, les monuments aux monuments aux morts sont érigés.
Afin de participer à ce devoir de mémoire, les Archives de Saône-et-Loire ont recensé l’ensemble des monuments présents sur le département.

Retrouvez aussi la base des fiches matricules militaires ouverte à l'annotation collaborative.

Partager sur