Esclavage : témoignages de Saône-et-Loiriens (1741-1848)

Avéré depuis l'Antiquité, l'esclavage perdure au Moyen-Âge sur de nombreux territoires, avant de connaître un regain à partir du milieu du XVe siècle.

A l'initiative des Européens (Portugais, Espagnols, Hollandais, Anglais et Français), qui s'appuient sur des rois africains (Ashanti, Dahorney, Bénin), un système de traite est mis en place pour alimenter les empires coloniaux en main d'oeuvre.

Aux XVIIe-XVIIIe siècles, la traite atlantique prend son essor entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. Ce commerce triangulaire se développe avec la forte demande européenne de denrées coloniales (sucre, café, cacao, coton, indigo...) et le besoin croissant d'esclaves pour satisfaire cette demande.

En France, l'esclavage est aboli en 1794, puis rétabli en 1802 par Napoléon Ier. La traite est interdite sans succès en 1815, avant que l'esclavage ne soit définitivement supprimé en 1848.

Cet atelier propose l'analyse de documents issus des Archives départementales de Saône-et-Loire et des Archives départementales de Charente-Maritime, qui illustrent le développement du commerce triangulaire, l'économie esclavagiste de Saint-Domingue et les combats menés pour l'abolition de l'esclavage.

1/ Le commerce triangulaire

On trouve aux Archives de Saône-et-Loire la correspondance d'un témoin direct du commerce triangulaire au XVIIIe siècle. Associée à des extraits du journal L'Illustration, elle permet de comprendre comment s'organisent ce commerce et la traite des esclaves.

Guillaume Touchemoulin, issu d'une famille de musiciens chalonnais, embarque en 1741 sur le navire négrier La Bellonne afin de gagner l'Amérique. Le navire fait d'abord escale en Afrique où le capitaine échange les marchandises chargée à La Rochelle contre des esclaves. Puis il vogue vers Saint-Marc, un des ports de l'île de Saint-Domingue (Haïti). Les esclaves sont alors vendus et le bateau reprend la mer pour La Rochelle avec une cargaison d'indigo et de sucre.

Les lettres de Touchemoulin à ses parents reflètent la vision de la population européenne sur les peuples d'Afrique. Elles témoignent également des épreuves que peuvent rencontrer les équipages de navires lors des traversées.

2/ L'économie de plantation esclavagiste : l'exemple de Saint-Domingue

Au XVIIIème siècle, Saint-Domingue est considérée comme le fleuron des Antilles françaises grâce à la fertilité de son sol et à ses ports de commerce. On y cultive surtout la canne à sucre, mais également du café, du coton, du cacao. Les plantations distillent aussi du sucre pour faire du rhum.

L'industrie sucrière se développe du fait d'une demande croissante venant de la métropole. Les plantations, dirigées par des Européens ou des libres de couleur, sont cultivées par les esclaves. Ceux-ci appartiennent au propriétaire de la plantation au même titre que les habitations et le bétail. Les conditions de travail difficiles et les mauvais traitements engendrent une mortalité importante, que l'apport régulier de nouveaux esclaves ne parvient pas à combler.

3/ Le rôle des Saône-et-Loiriens dans l'abolition de l'esclavage

Du cahier de doléances de la paroisse de Toulon-sur-Arroux en 1789, demandant la fin de la traite négrière et de l'esclavage, jusqu'à la lettre d'Alphonse de Lamartine à sa femme Mary Ann le soir où il décroche l'adhésion des parlementaires pour l'abolition en 1848, les archives conservent des traces des combats menés contre l'esclavage.

En août 1791, Saint-Domingue est le théâtre de révoltes importantes qui touchent une grande partie de la colonie. Le général Maynaud de Laveaux (né en 1751 à Digoin et mort en 1828 à Cormatin) est chargé de ramener l'ordre. Nommé gouverneur par intérim en 1793, il s'associe à Toussaint Louverture, chef des esclaves révoltés, et prend fait et cause pour l'abolition de l'esclavage. Il rentre en métropole en 1796.

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