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53J6
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Mardi 30 9bre 1915.

Ma chérie,

J’ai reçu hier ta longue lettre, et surtout ta gentille lettre. Je t’approuve fort de compléter ta garde-robe, car, ainsi que tu le dis, je serai heureux de te retrouver mignonne. Et si tu veux que je précise, voici : corsage de soie et jupe assortie qui te moulent bien. Tu sais, ce n’est pas pour demain, ce retour et ces tendres effusions ; l’affaire balkanique paraît devoir durer plus qu’on prévoyait, et on nous a annoncé que nous reprendrions l’offensive au printemps, et les «poilus» ajoutent : à Pâques ou à la Trinité ; mais je persiste à croire qu’il faut compter sur l’imprévu pour terminer la guerre ; et puis il y a la misère qui grandit, les listes de pertes qui s’allongent démesurément, la ruine économique qui menace, l’impossibilité de plus en plus évidente d’obtenir une décision militaire. Pourtant je dois ajouter que, à ne regarder qu’autour de nous, tout paraît indiquer une campagne encore longue. Mais maintenant


tu prendras plus facilement patience, et moi aussi d’ailleurs.

Reprenons la suite de mes petites commissions :

1° ne m’envoie plus de journaux, nous les trouvons ici chaque jour ;*

2° envoie-moi une boite de plumes Flament N°2 ; j’écris par trop mal avec les plumes dures.

N°3 une pile semblable à la dernière, qui est excellente.

Et voilà.

C’est aujourd’hui la St André, autrefois la fête de mon père, maintenant celle de mon fils ; dis-lui qu’en lui souhaitant une bonne fête, je l’embrasse avec toute ma affection, et souhaite qu’il reste bien portant et gentil avec toi ; pour le reste, je suis tranquille.

Mon apprentissage continue sans trop de difficultés, je fais q ;q quelques] progrès dans l’art de la paperasses méticuleuse. Je trouve à la popotte de meilleurs camarades qu’à la 23ème Cie, plus cultivés, plus aimables, avec lesquels on peut causer et plaisanter ; on ne s’en prive pas ; chaque soir, jusque vers 10 heures, on tape le carton.

Mon sergent-major est M. Vandoux, epicier à Bourges (angle de la rue d’Auron et de la rue


des Armuriers), c’est un aimable garçon.

En somme ns faisons bon ménage ; ns disposons d’un bon cuisinier, qui sait accommoder le bœuf quotidien de façon variée. Même dans les marches, je n’aurai plus à porter mon sac, et quant à mon petit matériel je puis le loger dans les caisses de l’Etat-major dont j ‘ai les clés et la responsabilité.

Tout cela, et bien d’autres détails que tu connaîtras peu à peu, pour te montrer que je ne suis plus aucunement à plaindre.

Mais ne vois-je pas, de ce chef, baisser un peu dans ta tendresse ? tâte-toi bien avant de me répondre. J’attends.

Sur ce, je t’embrasse longuement dans le cou, après t’avoir chargé de toutes mes tendresses à mes petits.

Jean


ma honte

ma honte

ma h

ma honte et

ma

ma hon

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