Varenne-Saint-Germain
Varenne-Saint-Germain
Commune de Varenne-Reuillon et Saint-Germain des Rives, aujourd’hui Varenne-Saint-Germain
Ce poste de contrôle, sur la route de Digoin à Saint-Yan, a été construit par mon père, entrepreneur de maçonnerie de Digoin. Son entreprise a été réquisitionnée
Témoignage de Paul Thomas, recueilli en 2007 et en 2009, par Sébastien Joly
Le poste était surveillé par une Allemande prénommée Léa, qui fouillait les femmes, et par Swartz, un Allemand qui parlait le français et que l’on entendait souvent de loin car il hurlait sur les hommes. Je passais souvent la ligne pour me rendre chez une grande tante en zone non occupée pour le ravitaillement. Pour éviter d’être fouillé et mes provisions confisquées, j’apportais une bouteille de goutte pour amadouer l’Allemand à la ligne…
Les contrôles permettent de vérifier les papiers de chaque personne (Ausweis et carte d’identité) voulant rejoindre une zone. Sur cette photographie de propagande prise à Varenne-Reuillon, où on met en scène un contrôle allemand avec un habitant du secteur, on distingue à l’arrière-plan un panneau interdisant le passage des Juifs en zone occupée montrant les contrôles et la répression.
Ma famille et des amis avaient créé un réseau de résistance à Digoin. Je passais donc souvent des plis et des paquets cachés dans les sacoches de mon vélo par des chemins de campagne ou le long de l’Arconce pour éviter les patrouilles. J’apportais le tout à Charolles chez mon oncle résistant. J’étais agent de liaison.
Puis, j’ai dû aider des clandestins à franchir illégalement la ligne. J’avais un rendez-vous à Digoin où je récupérais la personne à faire passer que je mettais sur mon porte-bagage. Je lui interdisais de parler pour ne pas se faire repérer. Je m’arrêtais à la ferme des Ducroux en zone occupée pour savoir si les patrouilles étaient passées. En fonction de leur ronde, je détournais le poste par le haut ou le bas vers l’Arconce pour gagner la zone non occupée.
Des traces aujourd’hui dans le paysage
En bordure de la route départementale qui mène à Digoin, des traces des fondations de l’ancien poste de contrôle allemand sont encore visibles en contre-bas dans le pré, témoignant de la vie quotidienne sous l’Occupation.
Inauguration
Le 12 mars 2022, l’Association des Combattants Volontaires de la Résistance (CVR) de Saône-et-Loire, dans le cadre d’un parcours mémoriel départemental, a inauguré un pupitre explicatif sur la ligne de démarcation, place de la Mairie, et un poteau gravé sur le route départementale D982 en direction de Digoin, à l’endroit exact de l’ancien poste de contrôle allemand.
Un hommage a été rendu à Paul Thomas de Digoin, décédé quelques mois plus tôt, passeur de la ligne de démarcation sur la commune.