Buxy
Buxy
La ligne de démarcation sépare la commune en deux. Dès l’été 1940, deux postes de contrôle allemands sont installés : l’un, sur la route de Chalon, aux « Grands champs » et l’autre, route de la Ferté, « au Temple ». Puis, le tracé de la ligne évolue et se déplace plus en direction du bourg de Buxy au niveau du pont de la voie ferrée au « Lou Poutet » et du château de la Tour Bandin.
Sur cette photographie, des habitants de zone non occupée sont contrôlés à la barrière allemande du « Lou Poutet », juste après le pont de la voie ferrée, aujourd’hui voie verte, route de la Ferté. La barrière est déjà levée montrant que des vérifications d’autres personnes ont déjà eu lieu.
Sur cette photographie prise au poste allemand de la Tour Bandin, le douanier s’accoude sur la barrière montrant la domination de l’armée sur le territoire conquis. Deux soldats, à cheval, réalisent des patrouilles le long de la ligne de démarcation. On constate à droite la présence d’un soldat français, venu du poste de contrôle français, situé à quelques centaines de mètres sur la route de Jully, peut-être pour apporter des documents administratifs ou divulguer des informations locales.
Pour obtenir un laissez-passer, les habitants de la région devaient se présenter à la Kommandantur de Buxy, rue des juifs rebaptisée par les Allemands rue de la Kommandantur.
Chaque habitant devait faire vérifier son identité et présenter une attestation du maire de la commune afin d’obtenir un Ausweis leur permettant de franchir la ligne à un poste de contrôle précis pour quelques semaines ou quelques mois.
Le courrier étant interdit de circuler d’une zone à l’autre, des stratagèmes se mettent en place pour déjouer la vigilance de l’occupant :
On glissait les lettres dans le guidon ou sous la selle du vélo. Mais le plus sûr était de les mettre sous les pneus pleins. Mon père me demandait d’aller chez ma grand-mère en zone occupée à Buxy. Elle retirait ensuite les lettres cachées et les envoyait en zone occupée
Témoignage de Guy Desbrière, recueilli en 2010, par Bernard Malvaux
Mon père avait creusé le manche de sa fourche. On glissait dedans les lettres roulées et on bouchait le trou. Quand mon père passait à la barrière avec son laissez-passer, les Allemands lui disaient " Control ! " Il n’avait rien sur lui et repartait comme si de rien n’était en zone occupée avec sa fourche sur l’épaule…
Témoignage de Charles Donet, recueilli en 2010, par Bernard Malvaux
Des clandestins, démunis de laissez-passer, tentent de passer la ligne par leur propre moyen ou grâce à l’aide d’habitants qui connaissent bien les lieux. Parmi ces passeurs, on trouve des femmes dont Renée Thomas qui a fait passer la ligne à des dizaines de personnes. Habitant place de Baranges à Buxy, elle réceptionnait chez elle les clandestins qui avaient eu son adresse par l’intermédiaire d’un ami parisien. Elle les guidait ensuite de nuit en évitant les patrouilles jusqu’à la hauteur du petit pont sur la ligne de chemin de fer pour rendre service. Elle prenait à chaque fois des risques importants car un poste de contrôle allemand était situé non loin de son lieu de passage.
Deux autres femmes du quartier de la Gare ont bravé l’interdit pour aider des personnes à franchir illégalement la ligne.
A Buxy, quartier de la Gare, derrière la cave coopérative et le long de la ligne SNCF existait un passage. Il y avait deux femmes : Mme Girardot de l’Hôtel Girardot et Mme Besson du Café en face. Elles rendaient beaucoup de services sans rémunération avec de grands risques. Mme Besson prenait ses deux chèvres et les conduisait paître sur la ligne de chemin de fer et s’arrêtait en face du point de passage. A ce moment-là, elle faisait signe à Mme Girardot qui surveillait les environs et, d’un geste avec le bras, elle faisait passer les gars en zone libre
Témoignage de Claude Brevet, recueilli en 1993, par Aurélien Barouin
Les clandestins arrêtés par les patrouilles allemandes étaient conduits à la Tour Bandin dans le parc du château, route de Cluny, et enfermés au niveau de la cave (porte grise). Des gardes, postés devant la porte, surveillaient l’entrée. Les personnes arrêtées pouvaient être conduites à la Kommandantur de Buxy pour des contrôles mais la plupart sont transportées par car, direction Chalon-sur-Saône, pour un interrogatoire et un passage en prison allant de quelques semaines à plusieurs mois selon la gravité des faits.
Lors de leur arrestation à Buxy et de leur emprisonnement temporaire à la Tour Bandin, certains laissent des traces de leur passage sur les murs en écrivant leur nom ou la date, encore visibles aujourd’hui.
Inauguration
Dans le cadre d’un parcours mémoriel départemental, le 25 juin 2022, l’Association des Combattants Volontaires de la Résistance (CVR) de Saône-et-Loire inaugurait un poteau gravé et un pupitre explicatif sur la voie verte à Buxy au dessus de la route de la Ferté où se trouvait l’ancien poste de contrôle allemand. Une autre plaque a été apposée par la mairie à l’ancien poste de contrôle à la sortie de la ville route de Cluny.