La vie au hameau

La vie au hameau

1. Le travail fourni aux chefs de familles

Les chefs de familles sont chargés de la construction d'une route à côté du village de Roussillon-en-Morvan.

2. La scolarisation des enfants

Les hameaux ont été créés pour des raisons de proximité : proximité entre le lieu de travail du chef de famille et de ses proches, mais aussi proximité pour les enfants entre le hameau et l’école communale. A Roussillon, les enfants de harkis sont donc inscrits à l’école communale.

Archives départementales de Côte-d’Or, FRAD021_W_23742
Archives départementales de Côte-d’Or, FRAD021_W_23742

Article de presse annonçant la rentrée des classes de 37 enfants de harkis au sein de l’école communale de Roussillon en Morvan. Cette rentrée dans une région, un village voire un pays qu’ils ne connaissent pas est un énorme changement pour ces enfants. Néanmoins, l’article nous indique que dès le premier jour, malgré la frontière du langage, les enfants de harkis et les enfants du village de Roussillon ont sympathisés, notamment au cours de la récréation. Comme indiqué, les maîtresses de l’école et la directrice, Melle Lequin ont été là pour prodiguer des conseils aux écoliers du village pour instaurer des liens d’hospitalité. Au-delà des articles, d’autres sources nous renseignent sur la scolarisation des enfants de harkis, c’est notamment le cas des livrets d’appréciation.

3. La participation des harkis à la cérémonie du 11 novembre

Durant l’année 1963, le chef du hameau, Monsieur Vincent, suggère que les harkis déposent une gerbe pour la cérémonie du 11 novembre. Ils assisteront aussi à la cérémonie du 14 juillet.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Courrier de Monsieur Vincent, chef du hameau de Roussillon-en-Morvan, datant du 27 octobre 1963 adressé au Sous-Préfet d’Autun. Dans ce courrier, le chef du hameau expose l’idée de suggérer aux harkis d’offrir eux-mêmes une gerbe pour la cérémonie du 11 novembre et de la déposer au monument aux morts de Roussillon. Celle-ci serait l’objet d’une dépense individuelle de l’ordre de 1,50 franc. Cette gerbe aurait pour inscription « Les anciens harkis ».

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Courrier du Sous-Préfet d’Autun, datant du 30 octobre 1963, en réponse à Monsieur Vincent, le chef du hameau. Celui-ci donne son accord concernant le dépôt de la gerbe du 11 novembre, il parle même d’une « excellente initiative ». De plus, il souhaite que les anciens harkis se mêlent à l’ensemble de la population qui rend hommage ce jour-là à ses morts des deux guerres mondiales.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Photographie datant du 14 juillet 1964, au centre, on reconnaît M. Gras, maire de Roussillon-en-Morvan, entouré d’une dizaine de harkis du hameau. Ils tiennent une gerbe de fleurs et s’apprêtent à participer à la cérémonie du 14 juillet 1964. Nous comprenons alors, au même titre que le 11 novembre, cette volonté des autorités publiques de faire participer les harkis aux différents événements patriotiques du pays qu’ils habitent désormais.

4. Des évènements organisés pour les enfants
Les fêtes de Noël

Durant l’année 1963, le Ministre des Rapatriés met à disposition un crédit de 5 francs par enfant de moins de 16 ans afin de mettre en place un arbre de Noël et leur offrir quelques cadeaux telles que des friandises, chocolats, poupées, …

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Courrier du Préfet de Saône-et-Loire au Sous-Préfet, datant 27 novembre 1963 dans lequel il lui fait connaître le fait que le ministre des Rapatriés vient de mettre à la disposition de l’Inspecteur des Chantier de Forestage, Monsieur Pasquet, la mise en place d’un crédit par enfant. Ce crédit, s’élevant à 5 francs, est destiné aux enfants de moins de 16 ans pour leur permettre d’organiser un arbre de Noël ou de participer aux fêtes prévues par la Municipalité de Roussillon.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Compte-rendu du chef de hameau de Roussillon en Morvan, Alfred Lesage, datant du 4 janvier 1965 adressé au Sous-Préfet d’Autun, Monsieur Maurier. Celui-ci a pour sujet les fêtes de « Noël » de l’année 1964 qui se sont déroulées au hameau. Nous pouvons lire que des moutons ont été tués et qu’ils ont été partagés par lots et au tirage aux différentes familles. De plus, de nombreux colis ont été distribués pour petits et grands contenant dattes, chocolat, bonbons ou encore gâteaux par notamment les religieuses du Saint-Sacrement d’Autun ou encore par les « Soroptimistes ». Le « Soroptimist Club » dont le nom signifie « le meilleur pour les femmes » est un mouvement, non-politique et non-confessionnel qui a pour but de promouvoir la condition des femmes.

Colonies de vacances

Au cours de l’été 1965, une colonie pour enfants, financée par des allocations de vacances a été organisée pour les enfants de harkis. Au total, 17 enfants ont pu en bénéficier dont 2 enfants du village de Roussillon-en-Morvan. 

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Lettre datant du 3 juin 1965, du Sous-Préfet d’Autun, Monsieur Maurier à Monsieur le Directeur de la Caisse de mutualité sociale agricole de Saône et Loire concernant l’organisation d’un départ en colonie de vacances pour l’été prochain. À savoir, la MSA (Mutualité sociale agricole) est le régime de protection sociale obligatoire des personnes salariées et non salariées des professions agricoles. Celle-ci gère également tout ce qui a trait à la famille.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Lettre du Sous-Préfet d’Autun adressé à l’inspecteur départemental du service de la jeunesse et des sports indiquant la liste des écoliers de Roussillon désirant se rendre en colonie de vacances pour l’été prochain. Nous comptons 17 enfants dont 5 filles et 12 garçons, ils sont âgés entre 8 et 15 ans. Nous observons également la présence d’enfants dits de « souche française ».

Pratique du sport

Différentes activités sont mises en place pour occuper les enfants de harkis en dehors des heures de cours. Lors de l’été 1964, les enfants du hameau font des travaux de terrassement avec des enfants du village pour installer un terrain de volley-ball.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Photographie datant du 20 juillet 1964 sur laquelle les enfants du hameau et du village effectuent des travaux de terrassement pour installer un terrain de volley-ball. On peut observer la présence d’enfants du village travaillant aux côtés des enfants de harkis. Ainsi, cette photographie nous montre les liens d’amitié qui pouvaient se nouer entre les enfants, comme nous l’avons également vu avec le départ en colonie de vacances.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Photographie du 21 juillet 1964, le lendemain de la photo précédente, où l’on peut voir les enfants jouer ensemble au volley-ball sur le terrain qu’ils ont préparé la veille.

5. Les différents moyens mis en place pour surveiller

À l’arrivée des familles, la direction du hameau est confiée à un sergent-chef qui est chargé de la surveillance et de la coordination entre les familles et les autorités locales. (Très rapidement), la direction est confiée à un civil appelé « chef de hameau » qui reprend les attributions du sergent-chef, complétés par celles de la monitrice de promotion sociale chargée d’aider les familles dans leurs démarches. Très souvent, le chef de hameau et la monitrice de promotion sociale forment un couple qui vit dans le hameau, au plus près de la population. Des rapports d’activités mensuels font état des décès, des naissances et de tous les évènements notables de la vie du hameau.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Note de renseignement datant du 8 janvier 1964 de la direction des renseignements généraux qui nous livre certaines informations sur les anciens harkis qui se sont installés avec leurs familles sur le territoire de la commune de Roussillon-en-Morvan. Nous pouvons constater que toutes ces familles de harkis sont originaires de la tribu Béni-Boudouane du département d’Orléansville, département français d’Algérie entre 1957 et 1962. C’est pourquoi, est mentionné dans le résumé du document le « Bachaga Boualem », chef de la tribu et figure tutélaire des Béni-Boudouane.

Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19
Archives départementales de Saône-et-Loire, FRAD071_3225W_19

Rapport d’activité du mois de septembre 1964 divisé en plusieurs catégories telles que les « travaux », les « visites » (reçues et effectuées) ou encore les départs des familles, l’ensemble des activités du hameau y sont détaillées. De plus, ces rapports sont relativement fréquents, jusqu’à deux par mois. Ils constituent une source précieuse pour l’histoire du hameau.

Partager sur